Into the Wild

Publié le par Mélanie

Into the Wild… Un peu comme l’Auberge Espagnole de Klapisch avait il y a quelques années entrainé une augmentation fulgurante de nombre de demandes d’échanges Erasmus de la part des étudiants français, le magnifique film de Sean Penn aura déclenché un nouveau phénomène de mode chez les jeunes en perdition : le fantasme du trip en solitaire dans le Grand Nord.

 

Chez moi y compris.

 

Alors ceux qui me suivent en parallèle sur Facebook - et qui assistent, impuissants, à mon impudique étalage de pseudos révoltants - l’ont bien compris : ça y est, je suis au Yukon ! (Pour les autres, ceux qui n’ont pas la chance de faire partie de mes nombreux FRIENDS : haaaan désolée, vous avez perdu à la grande loterie de l’amitié ! A votre place je me tirerais une balle tout de suite).

Oh allez, admettez-le, c’est si bon de balancer nonchalamment des pseudos scandaleux quand Xav affiche des piteux ‘espère se barrer du taf avant que ça flotte’ et que Treize se plaint de devoir remplir sa première fiche d’impôts !

…Cela dit des fois je suis prise à mon propre piège. Et comme l’a fort à propos souligné mon pote Josh alors que je brandissais fièrement ‘Into the Wild’ comme ultime pseudo Facebookien : ‘wow, into the wild with internet access, good stuff :]’.

 

Effectivement, mis à part l’endroit où je me trouve, aucune similitude avec ce cher Christopher McCandless. Je ne campe pas dans la neige, je ne chasse pas le caribou, et j’ai pas brûlé tout mon argent (mais ça c’est probablement parce que j’en ai plus).

…Mais dans Into the Wild, pour vivre l’expérience sauvage jusqu’au bout, Christopher McCandless il avait un truc précieux, un truc indispensable, un truc que j’ai pas : une VOITURE.

 

Petit récit d’une épopée yukonnaise un peu frustrante…

 

Après une expérience autoroutière inoubliable sur la Alaska Highway, j’ai débarqué à Whitehorse-capitale-du-Yukon à 3h du matin, avec les jambes en coton et sans réservation pour la nuit en cours. J’ai donc enquillé les cafés serrés au Tim Horton’s du coin jusqu’à 8h, heure à laquelle j’ai enfin pu m’installer dans mon auberge de jeunesse, un petit cocon chaud, accueillant et douillet (un cocon, quoi). Comme j’étais plus fatiguée du tout, je me suis rendue directement à l’office du tourisme, frétillante et guillerette, afin de m’enquérir des activités à faire dans la région. J’ai vite déchanté.

 

Frustration n°1

La charmante madame du centre d’information m’informe (c’est son rôle) qu’à Whitehorse, si je n’ai pas d’argent et pas de voiture, eh ben je peux… RIEN FAIRE. Moi qui m’enthousiasmais d’avance à l’idée de me faire le Donjek, un trek de plusieurs jours au milieu des glaciers du Kluane National Park, je peux me brosser Martine.

 

…Bon ben puisque je peux pas accéder aux parcs nationaux sans véhicule je vais faire une petite randonnée à la journée dans les environs de la ville alors… Tiens j’en ai repéré une pas mal qui s’enfonce un peu dans la forêt, en plus il fait un temps magnifique, ça va être gé-nial, youpi-youpi-yah ! Tu parles.

 

Frustration n°2

Sur les murs, le long des routes, à l’entrée les chemins, partout, des panneaux attirent mon attention : ‘You’re in a bear country. BEWARE’. Effectivement je les ai vus, moi, les nounours, sur le bord de la route. Ils sont nombreux. Et ils sont pas exactement PETITS. Je parcours avec effroi les dépliants à caractère informatif que j’ai collectés à l’office du tourisme. Je saisis au vol des phrases inquiétantes : ‘NEVER approach a bear’… ‘a predatory bear can hunt you along the trail’ … ‘you are now in real danger’… ‘if the bear attacks, fight back, don’t give up’…

Ma randonnée dans la forêt, je l’ai faite en chiant dans mon froc chantant à tue-tête pour prévenir les ours de mon arrivée, agrippée à mon ridicule petit couteau suisse (genre je vais lui faire quoi avec mon canif à l’ours, s’il m’attaque ? lui graver mes initiales dans la fourrure ? crevarde va !)

 

De retour à l’hostel, mon air abattu alerte deux de mes camarades de chambrée, Zoe la britannique et Ryan le canadien : ‘tu peux rien faire parce que t’as pas de voiture ? t’as peur de marcher dans la forêt parce que t’es toute seule ? ben viens avec nous, demain on a justement prévu de faire un petit tour dans le Kluane National Park !’. Ahah, cette fois j’ai gagné ! J’ai une voiture, j’ai des compagnons ! A moi la rando de rêve en pleine nature !

Le lendemain matin, après deux bonnes heures de route sur la Haines Highway en direction de l’Alaska, on arrive enfin à l’entrée du Kluane. Devant nous les plus hautes montagnes du pays s’étalent à perte de vue. Le bonheur. On enfile nos chaussures de marche, et c’est parti ! Enfin, ‘c’est parti’…

 

Frustration n°3

Pas bien loin. Parce qu’à peine une heure après avoir commencé la rando, on se retrouve les pieds dans la neige. Que dis-je les pieds, les cuisses ! Impossible de continuer comme ça, c’est trop dangereux. En fait mai c’est la saison fatale : trop de neige pour trekker, plus assez pour skier... On rebrousse chemin, un peu déçus.

 

J’ai quand même bien rentabilisé mon court séjour au Yukon, avec une dernière journée fantastique : une descente en kayak sur la Yukon River avec mes nouveaux potes… Finalement la meilleure façon de m’immerger ‘into the wild’ sans risquer ma vie au milieu des bêtes sauvages.

 

Le soir on fête tous ensemble notre apothéose yukonnaise en sirotant une bonne bouteille de vin canadien sous un soleil de (presque) minuit – lever à 4h, coucher à 23h, les journées paraissent sans fin…

Et je me prends à rêver. C’est clair que je reviendrai par ici : c’est montagneux, c’est froid, c’est paumé ; il est fait pour moi ce pays. Mais je retiens la leçon : la prochaine fois, ça sera en juillet, avec une bagnole, et Mago dans mes bagages.

 

Et c’est reparti pour deux jours de bus…

 

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L
<br /> il n'y a de vrai bonheur que partagé.... merci Mélanie pour les impressions de voyage<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> ça c'est quelque chose qu'à mon grand regret je ne peux qu'approuver... McCandless avait raison... alors pour compenser je pense très fort à vous!!!<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Melanie, I admire your sense of adventure .... but not your sense of Canadian weather. I Have Lived in Canada all my live and Almost Always wanted to visit the Far North. I am glad you made up the<br /> Trip There Even If You Did not Get into the backcountry.<br /> <br /> If you ever make it back here to Canada, I'll take you on a road trip That would Be Worthy of Into the Wild.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> yeaaaaaaaaaah I hope so Charles!!! I will definitely come back here with a car, don't worry, we'll have our road trip together! What about you, when do you plan to come to France?<br /> <br /> <br /> <br />